mais pourquoi ce tendre et paisible lac félin se trouble t'il? pourquoi écume t'il, soulevé par un orage de colère?
C'est une bien longue histoire...
Nous partîmes 2, nous arrivames...2, (libre adaptation du Cid) pour un week end dans la famille, laissant nos matous livrés à eux mêmes mais abondamment pourvus de croquettes et avec assez d'eau pour ouvrir un établissement de bains.
Le coeur pourtant n'était point léger et je du me faire passer pour une de ces dames un peu gâteuse et folle, en parlant beaucoup de mes chats et du soucis que je m'en faisait...bref, nous rentrons, et au premier appel mes deux minets accourent, me font fête, Saphir repart illico tandis que Cri-cri passe en mode"chien" et commence à me suivre partout.
La soirée avance, nous rangeons les affaires, nous rendons à un rendez vous depuis longtemps arrêté et finalement rentrons.
Fifi arrive..la queue basse.. je le caresse, de la tête jusqu'au bout de la queue comme à l'accoutumée lorsque, pas comme à l'accoutumée, il se retourne, miaule et me mord oui, avec ses dents, il me mord!
je réitère, lui aussi! puis il fuit! perplexe, je reprends mes activités et tard le soir, il me rejoint enfin dans notre cher canapé. Mais la séance de gratouilles tourne court, car visiblement il y a quelque chose avec sa queue, que je ne peux toucher au risque de finir en pâtée Félix. AH AH! Clé à la tête, 60 kg contre 3, j'arrive à toucher la queue et à regarder de près malgré un concert de rugissements et un festival de de coups de griffes... Elle semble gonflée au milieu, il y a quelque chose de dur mais vite je relâche la bête, il me manque une main pour tenir Saphir d'un bout à l'autre.
Inquiète, je l'emmène se coucher... Sa queue serait elle cassée? c'est affreux,il doit souffrir.
Au petit matin, je tente une nouvelle incursion mais j'abandonne vite, le fauve qui sommeille en lui est resté là, tapi. Je prends rendez vous chez le vétérinaire et j'ai beaucoup de crédibilité en expliquant qu'il "a quelque chose à la queue...", j'en profite pour prendre un double rv, Cri-Cri me semblant relever aussi d'un professionnel pour d'autres raisons, bien que moins urgentes. Autant ne faire qu'une expédition..
Seulement voilà, ces messieurs et leur sixième sens ont senti le vent tourner et bien sûr, ne réapparaissent pas de la journée et surtout pas à l'heure où il faudrait partir. Désespérée, je décommande le vétérinaire. La secrétaire (N°1) me confirme que c'est raté pour aujourd'hui, plus de place...oui mais demain, c'est férié et attendre 24h de plus me parait risqué... Je raccroche songeuse.
une heure après, Saphir conquérant, la queue enfin! redressée, débarque, satisfait du bon tour qu'il m'a joué. Oui mais j'en ai un en réserve de bon tour! hop, emballé dans sa cage malgré ses protestations et avec toujouts un "truc bizarre". Je monte à l'assaut téléphonique de la clinique vétérinaire et chance, je tombe sur la secrétaire N°2 qui comprend tout de suite l'équation :"un truc bizarre+jour férié" et me demande d'arriver tout de suite... ni une ni deux, le souffle court je bondis jusqu'à la clinique avec la cage dans les bras. Taka s'est désisté, imaginant déjà une séance de boucherie avec queue coupée, ventre ouvert bref...et de toute façon il est tellement inquiet pour sa peluche qu'il ne serait pas très efficace
une gentille véto nous accueille, Saphir collabore jusqu'à ce qu'évidemment on touche son appendice bien enflé. Verdict immédiat: un abcès qui s'est percé! je ne sais pas comment elle a fait pour voir ça si vite alors que le tigre miaule et crache. Il va falloir soigner. C'est là que Saphir montre alors ses capacités jusqu'alors inexploitées.
Le docteur pour chat décide de raser la queue de Saphir. Sans doute vexé et humilié, celui se met dans une colère noire et entreprend d'essayer d'attraper sa queue et la main qui le tient. Reconnaissons le, je suis empotée...il est tellement furieux qu'il mord tout ce qui passe à sa portée dans un concert de feulements et de grondements, j'ai peur! ouh, je suis terrorisée par un chat de 3 kilos qui dort le ventre en l'air, le même qui se cache la tête en croyant être invisible, celui auquel on peut mettre un chapeau sans qu'il réagisse! c'est horrible, j'ai peur de Saphir! Si! je vais avoir besoin d'un psy!
Comme la véto n'a malheureusement que deux mains et comme j'avais déjà remarqué qu'il en fallait au moins trois, que je suis totalement tétanisée devant tant de haine, elle rapatrie une assistante. Ca ne va pas se passer comme ça, Saphir!
1m50 (de large), 1m60 (de haut), des mains comme des battoirs, elle resemble à une lutteuse de foire. Elle remonte ses manches sur des avant-bras de débardeur et empoigne Saphir que je ne tenais que mollement. Seulement, il n'a pas de peau en trop lui! Et c'est un ballet à 4 qui commence!
L'assistante- gorille essaye de maintenir Saphir par la peau du cou, la véto lutte avec la queue et l'arrière train et j'essaye de l'empêcher de mordre les deux autres, le tout sur fond de hurlements, crachats (crachements?), feulements, grondements....vous voyez le tableau. Nous tournons autour de la table, ça serait comique si ce n'était pas ridicule!
la tondeuse entre en action et Saphir en furie! là il a raison, il est totalement grotesque avec sa queue en rince bouteille! rasée sur dix centimètres juste au milieu! L'abcès est en dessous, il s'est percé il suffit donc de bien le nettoyer...je finis couchée sur Saphir tandis que la lutteuse (elle doit maîtriser des dobermans d'habitude) maintient la tête. Le niveau sonore s'élève encore si c'est possible...que pensent les gens dans la salle d'attente? Entre le festival de hurlements de Saphir, les exclamations agacées de la véto, mes supplications et les glappissements de l'armoire à glace qui sent le fauve lui échapper, ça doit faire bizarre!
nous soignons quand même Saphir, et dès qu'il est libre, il se réfugie dans sa cage pour en être extirpé à nouveau pour deux injections ( antibiotiques et anti inflammatoires) dans un concert de grondements et d'aboiements (si! Saphir a aboyé tellement il était en colère). Enfin je repars avec le chat (? le démon cousu dans une peau de chat), une ordonnance et des conseils de soins sous le regard inquiet et perplexe du vétérinaire qui se demande sans doute comment je vais faire pour m'en sortir toute seule, en plus, en ayant peur de mon chat!
Rentrés à la maison, Saphir sort de sa cage et disparaît sans demander son reste...ouf, pas de traitement aujourd'hui! demain est un autre jour, on verra!